Si je devais partir trop tôt

Si je devais partir trop tôt

Mon enfant précieux, la prunelle de mes yeux, si j’avais à partir trop tôt, j’aimerais que tu saches tout ce qui suit.

Bien que la maternité soit une des plus déstabilisantes étapes de la vie d’une femme, elle est tout autant la plus enrichissante et la plus belle qui soit. Ton ajout à ma vie en est un dont je ne pourrais imaginer qu’on me le dérobe. Ta présence maintenant bien ancrée dans ma période d’existence ne pourrait être remplacée par autre chose que la tienne.

Si je devais partir trop tôt, je veux que tu saches que je n’ai jamais réellement compris ce qu’était aimer inconditionnellement avant que tu arrives. C’est vrai, avant que mon corps ne se transforme en usine pour te confectionner, je ne savais pas vraiment en quoi cela consistait, cet amour sans limites, sans conditions. C’est dès l’instant où j’ai appris que tu t’étais creusé un petit nid en moi que j’ai compris que de toute ma vie, je n’aurai jamais aimé autant.

 

Si je devais disparaître précocement, sache que j’aurai toujours fait de mon mieux pour te préparer à la vraie vie de grands; à ces éventuelles et inévitables batailles dont on ne sait jamais si on en sera le vainqueur ou non. Toutefois, je souhaite te rappeler que même si tu sens que tu perds le combat parfois, tu es toujours en quelque sorte gagnant tant que tu évolues à travers celui-ci. Que remporter un duel ne veut pas toujours dire en retirer des bénéfices ; qu’en perdre un ne signifie pas non plus que ta valeur diminue. Que bien souvent, on se sent plus victorieux d’avoir préalablement perdu, pour toutes les connaissances que l’on fait sur soi-même, les autres et la vie par la suite. Si je devais m’envoler pendant une période précaire pour toi, un moment où tu aurais eu besoin que je sois là, sache que tu as toutes les ressources en toi pour relever l’adversité sans moi et ce, même si tu n’y croiras peut-être pas à ce moment. Si j’avais à partir trop tôt, sans que j’aie eu l’occasion de l’imprégner en toi, sache que je crois en toi, en tes capacités. En tout le beau que je sais que tu peux créer. En tout ce que tu peux surmonter.Si je devais partir trop tôt, j’aimerais que tu te rappelles que dans la vie, on ne peut parfois compter que sur soi-même. C’est certes décevant de le constater quand ça arrive, mais tant que tu te feras confiance, que tu croiras en tes convictions, tu sauras qu’en bout de ligne, tu es toujours là où tu dois être. Souvent, ce que tu vivras n’aurait pu se passer autrement et ce, même si tout autour de toi le décor te semble complètement étranger, désorientant.
 
 
Si je devais partir trop tôt, j’aimerais que tu aies compris que dans ces aléas où la vision devant toi est trouble, ce n’est pas obligatoire de courir à t’en essouffler à travers le brouillard. Que c’est parfois nécessaire de te poser le temps que la brume se dissipe devant tes yeux. Le temps que la couleur des fleurs et le bleu du ciel réapparaissent dans tes pupilles.Si je devais lever l’ancre de mon bateau trop rapidement, partir de notre port avant le temps, n’oublie jamais que tu m’as complètement changée. Que tu as contribué à mon émancipation comme personne, à ma métamorphose, à ma démystification de certaines choses.
Source : parfaitemamancinglante.com

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